Hier, journée voyage. Nous étions à Fandene et nous avions demandé à ce qu’un taxi vienne nous prendre à 9h pour aller à Thies. Moussa est arrivé plutôt vers 9h45 et nous a transporté sur les 6/7 km qui nous séparait de l’entrée de Thies pour 3000 Francs CFA (= 4,50 €, tarif élevé mais prix de l’aller-retour car peu de personnes souhaitent revenir à Fandene dès le matin). Il semblerait que Moussa n’ait pas la « licence » pour aller au-delà cette zone. De là, il a fallu prendre un deuxième taxi (spécial « intra muros ») pour nous amener à quelques kilomètres au « Garage » (gare routière). C’est là que nous pris un « taxi 7 places » (serrées quand nous étions au complet)
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qui, après deux heures de route (et d’embouteillages) nous a déposé à bon port (Dakar) pour la modique somme de 3000 Francs CFA.
Après quelques jours de tentatives pour maîtriser mes cheveux sans l’aide de démêlant ou de sèche-cheveux, etc. j’ai enfin trouvé une solution : mettre un grand tissu enroulé autour de la tête, ce qui permet de ne pas se préoccuper de la coiffure et qui sert en même temps de protection contre le soleil et le vent.
Après avoir déjeuné (Thiou au poisson), nous avons attendu un co -voyageur un long moment avant de repartir pour notre nouvelle destination (Faoye).
La petite voiture Renault Clio est pleine à craquer. Nos deux grandes valises contenant les fournitures scolaires et le matériel sportif ; une télévision, un grand sac de nourriture et un petit rajout de 2 personnes supplémentaires équilibre bien l’ensemble. La voiture donne l’impression d’en avoir vu d’autres.
Nous partons enfin et passons à nouveau deux heures dans les embouteillages de Dakar. Fumée, échappement, poussière, vent font que l’air est un peu difficile à respirer. La nuit tombe et la circulation est un peu difficile avec beaucoup de camions qui viennent du Mali. La route se rétrécit. A un certain moment, on tourne à gauche et au bout de quelques kilomètres de piste de terre les phares éclairent les premières maisons/huttes de Faoye, notre village de destination où nous allons passer quelques jours.
Le village est plongé dans le noir. Nous sommes invités à entrer dans la maison « familiale » que se partagent le chef de famille et ses quatre femmes. Eh oui, nous sommes en pays musulman où il est de bon ton d’avoir plusieurs épouses. Chacune a quand même sa propre chambre.
Comme nous n’avons pas encore mangé, une des femmes nous apporte des baguettes de pain beurrées accompagnés de tout-petits sachets de café instantané (dose pour une personne), avec des sachets un peu plus grands de lait en poudre.
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Ensuite nous sommes dirigés vers la maison de Tante Marie qui nous servira de pied à terre. Elle habite en Suisse et se fait construire une belle maison pour pouvoir revenir « au village » pour la retraite.
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C’est le souhait de tous les Sénégalais de se retrouver en famille, loin de la ville ou de l’étranger où ils ont été obligés de gagner leur vie et subvenir aux besoins de toute la famille, ce qui n’est pas rien !
En effet, les familles sont très nombreuses et la notion de famille est très large aussi. En effet, en plus des parents (père et ses femmes) il y a les frères et sœurs, mais aussi les cousins, les neveux, les oncles, les tantes, etc. Les ainés de ces familles ont le devoir de faire le maximum pour protéger, accueillir, héberger, nourrir, éduquer si besoin tous les membres proches ou lointains. Bien sûr, dans la mesure du possible, chaque membre de la famille essaye de subvenir à ses besoins, mais le problème du manque de travail et de revenus se fait cruellement sentir.
La maison de Tante Marie n’est pas habitée et encore en travaux. A la lueur d’une bougie (pas d’électricité au village) nous découvrons un bel espace avec deux chambres dont une équipée d’un grand lit et d’une moustiquaire.
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De toute évidence, cela fait quelques temps que la dernière personne a dormi là… La seule maison qui a l’électricité (à partir de panneaux solaires) est la maison familiale du chef de famille.
On nous indique les toilettes et « salle de bain » au fond du « jardin », tout cela à la lueur d’une lampe de poche. C’est une cabane recouverte de tôles équipée d’évacuations sommaires, mais malheureusement pas d’eau.
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Pas d’eau non plus dans la maison et nous dépendons des baquets d’eau apportés par Sorna, la jeune sœur d’Ousmane qui transporte de lourdes charges sur la tête.
Nous improvisons la literie tant bien que mal et passons notre première nuit bercés par des bruits étranges provenant du coin d’une penderie ou du toit en tôle : Des bestioles courent, grignotent ou se déplacent. Nous ne risquons rien dans la moustiquaire.
31 décembre.
Nous passons le dernier jour de l’année à découvrir les activités de ces villageois. Le chef de famille, Moundor, a un cheptel d’une centaine de vaches (type zébu), des chevaux, des moutons et des chèvres.
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L’utilité principale des vaches est la fertilisation des champs des alentours, ce qui permet de cultiver du mil durant « l’hivernage » (saison des pluies, juin, juillet, août). Un peu plus loin du village, des cultures d’arachides (qui serviront à faire de l’huile à l’aide d’une petite presse toute simple, ou à être vendus à la ville pour générer quelques revenus). Mais en ce moment (et ce jusqu’en juin), il ne reste que la terre, quelques tiges sèches et des arbres. Il y a des réserves de mil entreposées sous des bâches.
Mais cette réserve n'est pas suffisante jusqu'à la prochaine récolte. Le mil est l’aliment principal ici. Ils le mangent une à deux fois par jour (petit déjeuner et le soir sous forme de « couscous »= semoule), accompagné de viande (mouton ?)
Une deuxième activité de ce village est située à un ou deux kilomètres de là. Ils se rendent en « calèche » (petite remorque attelée à un cheval) aux « puits de sel ».
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C’est une activité principalement réservée aux femmes, enfants et jeunes. Nous sommes dans une région qui jouxte un bras de mer (Saloum). Nous découvrons ces parcelles creusées dans le sol qu’ils remplissent d’eau de mer.
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En s’évaporant, une croute de sel se forme, qui est récolté par les femmes (les jeunes filles ne participent que durant les vacances). Elles raclent la croute le plus souvent avec les mains et déposent le sel sur les bords. C’est ensuite au tour des enfants de remplir des seaux ou des bassines avec le sel et de le transporter sur la tête et de le jeter sur un grand tas. Ces tas seront mis dans des sacs.
Il fait froid ce matin-là et les enfants et les femmes sont emmitouflés tant bien que mal pour résister au vent.
C’est un travail long et difficile, mais qui est rentable car le sel est revendu et rapporte donc de quoi subvenir aux besoins essentiels. Ces villageoises et leurs enfants font preuve d’un tel courage ! Même la plus petite, trop jeune pour aider à transporter le sel, a la responsabilité du bébé qu’elle porte sur le dos.
Un peu plus loin, ce sont de jeunes garçons qui triment dur pour enlever la couche de limon d’une « digue » qui servira aussi à récolter du sel. Nous sommes impressionnés par le dur labeur nécessaire à l’exploitation du sel marin dans cette région du bras de mer Saloum. Faut-il que ces villageois soient courageux et dans le besoin pour accomplir cette tâche ingrate sans rechigner. Bien sûr, ils ont un sens du devoir et des responsabilités très développé, mais quand même ! Tout le monde ne supporterait pas ces conditions de vie. Et pourtant, la plupart des Sénégalais que nous avons rencontrés, vivants à l’étranger, à Dakar ou dans les villes ont exprimé leur désir de revenir au village, dans la mesure du possible.
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Une troisième activité de ces villageois est la pêche qui leur permet d’avoir un apport de poisson frais. Ils utilisent de longues pirogues équipées d’un moteur. Ces embarcations sont tellement lourdes lorsqu’elles sont à terre qu’il faut plusieurs jeunes hommes forts pour les pousser dans l’eau.