Tout d'abord, merci de tous vos commentaires qui font chaud au coeur. Quel plaisir de jouer au reporter pour des lecteurs aussi attentifs et gentils !
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Pour bien commencer l'année dans cette campagne perdue du Sénégal (dans la région du Siné-Saloum), nous sommes partis dans la matinée du 1er janvier, à la « recherche de l’arche essaim perdu » ou plus exactement nous sommes allés chercher si un essaim d’abeilles avait élu domicile dans un arbre proche du village. Le jour précédant, nous avions repéré que des abeilles venaient chercher de l’eau dans une jarre mais que beaucoup s’y noyaient. Tout le monde sait que les abeilles favorisent le développement des fruits en pollinisant les fleurs. En ce moment, c’est la saison des fleurs de manguiers, il faut donc essayer de faire en sorte d’éviter la mort inutile des abeilles, pour que la récolte des mangues soit bonne pour que ces courageux villageois puissent en profiter.
Malgré nos recherches nous n’avons pas trouvé l'endroit d'où venaient les abeilles. Par contre, nous avons trouvé des nids d’oiseaux tisserands, une termitière au pied d'un arbre et… un chat caché dans le creux d’un arbre.
![P1260356 [1024x768]](http://img.over-blog.com/300x225/0/55/62/75/Senegal-2011/P1260356--1024x768-.JPG)
Dans l’après-midi, nous sommes partis, en compagnie de Ousmane et quelques amis, dans un village voisin pour assister à un combat de lutte sénégalaise (sport national et favori, avant le football). Pascal en avait déjà vu des extraits à la télévision à Dakar, mais là, nous allions y assister en direct.
Autour d’un terrain sableux entouré de filets (pour contenir les spectateurs), les chants Sérères nous faisaient patienter, accompagnés du rythme soutenu des tam-tams et autres djembés des « griots » (membres d'une ethnie de musiciens).

Puis l’arène a commencé à se remplir avec les premiers lutteurs, accompagnés de leurs entraineurs. Tout un rituel s’est mis en place. Les athlètes ont commencé à s’échauffer, le torse et les jambes nus, parés de quelques gris-gris destinés à favoriser la victoire. Leurs pas, proches de la danse, étaient assez intimidants, tel le « haka » des All Blacks. De temps à autres, ils s’aspergeaient de différents liquides préparés spécialement par leur marabout, sensés leur donner confiance en eux, de la force, enfin tout pour gagner. Bien sûr, certains marabouts devaient être moins efficaces que d'autres car il y avait un perdant lors de chaque combat...
(pour en savoir plus, reportez-vous à Wikipedia, par exemple : lutte sénégalaise)
Tous étaient grands, fiers, musclés et concentrés. Les combats ont commencés avec les poids légers et la foule vibrait à chaque mouvement. Le rythme lancinant des tams-tams et autres djembés faisait monter la pression.
N'étant pas particulièrement intéressée par les sports de combat, j'ai trouvé pourtant très intéressant ce tournoi traditionnel qui est organisé dans chaque village à tour de rôle et qui fait partie intégrante de la culture sénégalaise.
La lutte était autrefois une fête rythmique qui intervenait après une récolte abondante chez les Sérères, après une bonne pêche chez les Lébous. Elle permettait, tout en se divertissant, de mesurer la valeur et l’adresse des guerriers. Des tournois de lutte étaient organisés pour déterminer le champion du village entre les localités voisines. (http://www.au-senegal.com)
Jusque dans la nuit, les lutteurs ont combattus, les perdants terriblement déçus et abattus et les gagnants savourant modestement leur victoire… (leur récompense: l'admiration de tous et un ou plusieurs sacs de riz).
Quelques réflexions au hasard :
Nous apprécions beaucoup la gentillesse légendaire des Sénégalais. Ils sont particulièrement accueillants, comparés à d'autres peuples que nous avons rencontré lors de nos voyages.
Nous sommes en admiration devant le profond respect qu'ils témoignent envers leurs aînés, qu'ils soient de la famille ou non. L'éducation de la plupart est exemplaire. Ousmane nous expliquait qu'étant l'aîné de la famille, il se devait d'être un exemple pour ses frères et soeurs et ne pouvait donc pas se permettre d'écarts de conduite.
La grand-mère est considérée comme un élément important de la famille. Elle transmet les traditions orales et quand sa santé n'est plus aussi bonne, elle s'occupe des petits-enfants. Mama Adama est très reconnaissante à la France d'avoir accueilli son fils ainé, qui vit à Paris.
La nourriture sénégalaise est délicieuse, et en particulier celle préparée par notre hôtesse de Dakar, Bineta. Non seulement c'était un régal, mais elle trouve toujours la façon de la présenter d'une façon très agréable.
Dakar est une ville qui n'a qu'une seule route principale de sortie, ce qui occasionne des embouteillages monstres tous les jours. Nous avons passé des heures et des heures dans la pollution des pots d'échappement, la poussière, le bruit des moteurs... (pour aller à Thies/Fandène, pour en revenir, pour aller à Faoye, pour circuler dans Dakar même, etc.)
Heureusement les conducteurs sont plutôt corrects entre eux. Mais tout ce temps perdu est bien embêtant. Surtout quand on tombe en panne.

Comme nous sommes en période électorale, les partisans des candidats organisent des congrès où les femmes portent les couleurs du parti. Elles se déplacent en groupe dans des minibus ou se groupent le long de la route. Ce qui, pour l'oeil, est plutôt agréable. Je n'ai, malheureusement pas pu en faire de photo correcte.
Le lac Rose (au nord de Dakar) n'est pas rose tout le temps, car lors de notre visite, il n'y avait de vagues reflets rosâtres sur les bords, mais pas plus. Il paraît qu'il faut revenir au mois d'avril. En effet, le lac a cette couleur grâce à une micro algue qui, pour résister à la teneur énorme en sel sécrète une substance rouge. Et au mois d'avril, la "saison sèche" provoque une évaporation importante de l'eau et accroit le taux de salinité (10 fois supérieure l'eau de mer). Par contre il y a des vendeurs et vendeuses de babioles assez ... insistants.
Ousmane, notre ami, interprète, guide, chauffeur et bien plus (et futur visiteur médical) devant le Lac Rose.

Les jeunes qui pourraient avoir des tendances à devenir délinquants sont dirigés vers la lutte sénégalaise et de ce fait, reviennent très vite dans le droit chemin, car il faut un entrainement quotidien et très rigoureux pour devenir lutteur. Donc s'il y a beaucoup de chômage au Sénégal, il y a peu de délinquance...
Voilà pour aujourd'hui...